Les Agences de l’eau ont plus de 40 ans !

Publié le par Onema

Il est temps de dresser un bilan et … de changer de politique.

 

"Créées par la loi du 16 décembre 1964, les six agences de l’eau sont des établissements publics à caractère administratif qui emploient 1800 personnes. Elles apportent un appui technique et financier aux collectivités locales, aux industries et aux agriculteurs engageant des travaux de lutte contre les pollutions et d’amélioration de la gestion des ressources en eau.

Depuis quelques années, Elles contribuent également aux travaux d’entretien de rivières et de milieux aquatiques remarquables, en participant au financement des travaux engagés par les syndicats intercommunaux de rivière, par les établissements publics territoriaux de bassin et par les associations de protection de la nature et de la pêche". (http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_presse_40eme_anniversaire_loi_1964.pdf)

Mais ces actions sur les milieux restent très modestes. A titre d’exemple, 58 % des aides de  l’Agence  Loire-Bretagne,  sont consacrées à la construction ou la restauration de stations d’épuration et de conduites d’eau usées. Alors que seulement 2% des aides sont attribuées à des actions d’entretien et de réhabilitation des milieux aquatiques. http://www.eau-loire-bretagne.fr/a/a1.htm

 

Le budget des agences est d’environ 9 Milliard d’Euro par an !

 

Or en septembre 2004, le tribunal européen a condamné la France parce qu’une centaine de villes de plus de 10 000 équivalent habitant n’avaient pas de station d’épuration conforme à une directive européenne (Eau résiduaire urbaine) adoptée en … 1991 ! (http://copamar.free.fr/arretcoureuro.htm)

 

   Le CSP, un autre établissement public sous tutelle du ministère de l’écologie et du développement durable a publié en 2002 une carte de l’état des cours d’eau français sur la base des connaissances des quelques 800 agents (agents techniques de l’environnement, techniciens et ingénieurs) répartis sur tout le territoire. Ils constatent que « les cours d'eau en bon état représentent seulement 15 % de la surface du territoire, la plus grande partie étant perturbée (63%), et 22% sont dégradés». (http://www.csp.ecologie.gouv.fr/  rubrique milieux aquatique / l’état écologique des rivières).

 

Bien sur, les efforts des Agences de l’eau et des collectivités, ont permit une amélioration sensible de la qualité de l’eau surtout sur les grands cours d’eau grâce à la réduction des rejets urbains et industriels. Mais il reste encore de gros points noirs. En effet il est très difficiles d’obliger une municipalité à construire une station d’épuration même si on lui octroie 80% de subvention !

 

L'épuration est elle la seule solution ?

 

Certains polluants (des hormones, de nombreux produits  de synthèse, etc) ne sont pas éliminés et certaines stations d’épurations ne sont pas conçues pour traiter les phosphates.

Les stations produisent des boues, certaines contiennent des métaux lourds ...

Quand aux rejets agricoles (azote, phosphates, pesticides) ils ne peuvent être collectés puis traités. Les taux de Nitrates continuent à augmenter dans les nappes et cours d’eau ! (http://www.rnde.fr/francais/sy/bnde/nitrates2003/home.htm)

 

 

Il est tellement évident que la qualité de l’eau s’est dégradée en France., que cela figure dans un rapport de la cours des comptes : http://www.enviro2b.com/actualites/mauvaise_gestion_de_la_ressource_en_eau_selon_la_cour_des_comptes~811.htm

 

Alors n’y aurait-il pas d’autre politique possible ?

 

Le rôle des zones humides (dont la surface a régressée de plus de 50% en 30 ans) : ripisylves, prairies alluviales, bras morts, etc, n’est plus a démontrer en matière d’épuration (mais aussi en matière de rétention des cures et de réservoir de biodiversité) : http://www.riob.org/ag2002/ZonesHumides.htm .

 

Le rôle des barrages, du drainage, des remblaiements, de la rectification (curage, coupure de méandres, reprofilage) et de l’endiguement des cours d’eau sur la disparition de ces zones humides est également bien connu.

 

Alors, à quand une réflexion globale pour peser le pour et le contre entre des investissements sans fin pour construire et entretenir des stations d’épuration et les réseaux de collecte, et une réelle politique d’aménagement du territoire qui permettraient aux cours d’eau de recréer un corridor fluvial naturel ?

 

A l’heure où l’agriculture européenne est exportatrice faut-il encore que tout soit fait pour qu’elle surproduise au détriment de notre environnement et de notre santé ? Faut il que la politique agricole commune ait pour but "d'accroître la productivité de l'agriculture" : article III-227 du TCE ?

 

  Bien sur, on aura toujours besoin de stations d’épurations mais de quelle dimension, avec quels processus et à quel coût ?

Bien sur il faudra protéger les villes et les ponts, mais doit on empêcher les cours d’eau de changer de lit comme ils l’ont toujours fait, modelant ainsi nos paysages ? Faut-il protéger les terres agricoles ou faut-il réhabiliter les lits les plus "aménagés" (je voulais écrire dégradés) et reboiser les berges ? A-t-on encore besoin de construire habitations, usines et entrepôts près des cours d’eau au risque de se voir inonder et au détriment du fonctionnement écologique des cours d’eau?

 

Par ailleurs qui, en France, développe des process ou des molécules alternatives moins polluants ? Une part du budget des Agences ne devrait-elle pas être destiné à la recherche ?

 

Autant de pistes de réflexions pour répondre aux questionnaires des Agences.

Publié dans politique de l'eau

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